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De l'entreprise ou de la reproduction du schéma familial

Un texte dont Bourdieu et Freud avaient honte. Devoir de mémoire.

L’entreprise a acquis de nos jours un statut intouchable. C’est devenu la norme, le sens et le but. En parallèle à cette montée des systèmes de pensée trop simplifiés est apparu le mythe familial. La sophistication des technologies a permis d’unifier les deux conceptions: l’entreprise, ou figure du père, s’est unie à la famille, qui incarne alors la mère. Et dans cette union économique et sociale, nous pouvons nous demander quelle sera la progéniture, et par quel processus analogique au cumshot la tradition se perpétuera.

L’entreprise, un effet antalgique de castration

L’entreprise, formidable machine aux rouages pas toujours bien dimensionnés apparaît dans l’inconscient collectif comme un être informe, mais puissant. Cette puissance, tirée de la double relation antagoniste de devoir et de droit (le devoir de travailler pour avoir le droit d’être payé) repose sur le fait qu’elle "tient par les couilles" le noble travailleur. C’est la perpétuelle histoire du bâton de berger et de l’obèse qui veut maigrir, ou de la trompe et de la fallope. L’un est la perte de l’autre, l’autre est la fuite de l’un. Tel l’enfant essaye d’imiter papa en sciant la jambe de bois de mamie à la scie circulaire, le travailleur essaye de s’intégrer à la société en devenant un modèle pré-moulé. Et dans ces champs de force contraires le Jean-Pierre ne croit que ce qu’il voit par ses yeux d’aveugle et ne construit par ses mains fragiles qu’un cénotaphe dérisoire.

Ainsi au même titre que le père représentait, à nous, à toi, à Adolphe Hitler, le pouvoir absolu, la crainte d’une descente punitive, le mal qui nous sodomise, l’entreprise s’est soustraite à ce rôle de force, comme si l’Homme ne pouvait s’affranchir de ses liens que par des effets autodestructeurs unilatéraux pouvant conduire à la mort (n’est-ce pas Adolphe?). Jean-Pierre ne peut, par lui-même, échapper au schéma familial, et au même titre au schéma formateur (dans le sens de "action de formater" CQFD) de l’entreprise. Pour résumer, l’Entreprise, selon de nombreux psychologues, est assimilée à un grand Sodomisateur par la plupart des travailleurs. L’entreprise ne représente pourtant pas la seule billevesée du noble travailleur. L’effet castrateur de l’entreprise est compensé chez le noble travailleur par la famille, perçue comme un espace de détente, parfois anale.

La famille, un Efferalgan qui fait quand même mal à la tête

L’action entraîne la réaction, et un battement d’elle en Bretagne peut entraîner un cyclone de sperme aux Antilles. Ainsi, le noble travailleur, étant une entité quoique docile, mais finie, ne peut de lui-même accepter les spoliations quotidiennes qu’il subit sur son lieu de travail sans un jour en faire part à son entourage. L’étymologie apporte ici un éclairage efficace. "Entourage" vient du latin in+troare, c’est à dire trouer dedans. Le travailleur fait un report affectif: au même titre que l’entreprise représente pour lui le père sodomisateur, il va s’efforcer, en tant que chef de famille, en tant que père, de sodomiser tout le monde. Ainsi, la famille apparaît, aux yeux du travailleur, sous un aspect maternel. La famille est le cocon, le sein, le jupon de l’enfance. À nous, à toi, à Adolphe Hitler. C’est un corps chaud dans lequel il fait bon se blottir. Jean-Pierre reproduit, toujours, son complexe d’Œdipe, à part que maintenant, il n’est plus obligé d’aimer en silence et peut passer à l’action. Et l’action, c’est enculer ses enfants en rentrant du boulot pour se détendre, c’est enculer sa femme devant Téléfoot pour se détendre, c’est enculer la nièce à Dédé qui est venue manger le poulet pour se détendre. Et au final, tout le monde est détendu.

Et Jean-Pierre n’a rien inventé: rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. La machine qui le broie, l’entreprise, lui inculque une inertie qu’il emploie à transmettre à sa famille. Et ces enfants se reproduiront, et les enfants des enfants se reproduiront. Car le problème vient justement de là, reproduire signifie produire, à l’égal. Et cet infini système casse le cul à tout le monde. Le fils deviendra un travailleur, qui reproduira le système familial avec d’un côté le père, l’entreprise, et de l’autre la mère, la famille.

L’enculé reste un enculé qui peut enculer

Dans ce système complexe interviennent d’autres intervenants qui à tour de rôle peuvent prendre le visage du père et de la mère: l’état par exemple, demande des impôts (sodomisation), mais reverse des indemnités fauteuil roulant (sodomisation inverse). Au final, l’Homme, animal complexe, se bat pour conserver une rondelle encore douce mais ne veut pas se faire marcher sur les pieds et compte bien péter autant de rondelles qu’il ne se l’ait faite péter lui-même. Et la solution à ce casse-tête ne serait-il tout simplement pas d’être un chômeur célibataire alcoolique? Un jeune au regard aiguisé aura en effet vite fait de comprendre que les ringards de travailleurs ne gagnent dans leur vie que leur perte. Un chômeur ne se fait pas sodomiser, peut passer son temps à la bibliothèque à lire du Beckett et à draguer la caissière, il est libre d’enculer un espace infini, non plus restreint à sa famille.

Alors, ce serait donc ça la liberté?